4 ans et 7 mois... merci PMA !

Je reviens aujourd'hui avec un article très personnel sur une période de notre vie

qui restera toujours douloureuse quelque part.

Même si je sais que beaucoup de couples traversent ou traverseront cette épreuve, je ne peux pas m'empêcher de me sentir "pas comme les autres", pas comme toutes ces femmes qui ont pu concevoir un enfant naturellement, dès l'arrêt de la pilule pour les plus chanceuses.

Il m'est arrivé d'entendre autour de moi, accompagné de remarques sexuellement connotées "qu'il est tellement facile de faire un bébé". Et bien, pour nous, cela a été plus compliqué. Il ne nous a pas suffit de nous aimer très fort.

Mon problème aux ovaires a été diagnostiqué il y a 5 ans, alors même qu'une grossesse n'était pas à l'ordre du jour. Je me souviendrai toute ma vie de cette visite chez le gynécologue. Une visite que je pensais classique, un simple contrôle, même si mes cycles sans pilule ont toujours été un peu compliqués et que j'ai dû changé plusieurs fois de pilules à cause de mastodynie.

Je me souviendrai toute ma vie du médecin qui me demande à la fin de l'examen: "Vous avez un projet bébé ? - Non, pas dans l'immédiat, pourquoi? - Parce que au jour d'aujourd'hui, si vous le souhaitiez, vous ne pouvez pas avoir d'enfant."

Là, ma tête s'est mise en veille, je suis ressortie du cabinet entre larmes, incompréhension et colère. Avec un traitement pour essayer de stabiliser mes ovaires. Et contrôle tous les deux mois. J'ai tenté de faire une croix sur mon désir d'être mère un jour.

Notre couple commençait à naître, et j'ai dis d'emblée à Chéri que s'il voulait s'engager avec moi, il ne serait peut-être jamais père. Il m'a dit que si nous ne pouvions pas concevoir, nous trouverions une autre solution, que cela ne devait pas nous empêcher de nous aimer. Une des plus belles preuves d'amour qui soient.

Un jour, après une énième visite de contrôle chez le gygy, après 4 ans de traitement et les effets indésirables qui vont avec, j'en ai eu assez de m'entendre dire que "j'étais mal fichue" même si c'était pour détendre la situation. Marre du même traitement qui ne me convenait pas, marre de tous ces symptômes de grossesse que tu as à cause des médicaments, alors que tu sais que ton ventre sera désespérément vide, alors même que l'espoir naît dans un coin de ta tête, marre de souffrir alors qu'il faut sourire et féliciter à chaque annonce de grossesse (bah oui, tu es heureuse pour eux, évidemment, mais au fond de toi, là bien caché au fond de cœur, qu'est-ce que ça fait mal!)

Mon médecin traitant m'oriente alors vers une spécialiste de la PMA.

PMA (Procréation Médicalement Assistée), je ne connaissais pas alors la signification

et ce que cela allait changer pour nous.

Le premier rendez-vous se passe bien, nous avons fait 45 min de route mais les espoirs sont permis. Il semblerait que mon corps pourrait fonctionner comme il le devrait, avec de l'aide. Alors commence le parcours, court par rapport à certains couples, j'en suis consciente, mais tellement long quand tu le vis au quotidien.

7 mois. 7 mois de traitement " intensifs" pour rendre mon corps opérationnel. 7 mois à enchainer plusieurs fois 45 min de route 3  ou 4 fois par mois, le matin très tôt; une première visite pour vérifier ton cycle, à enchaîner les piqûres pour stimuler tout ça (Chéri a appris à me les faire, tous les soirs, dans la cuisse) à revenir pour contrôler le résultat et  des croix dans ton agenda ou dans ton calendrier pour savoir quand câliner Chéri.

La spontanéité, tu oublies. Même fatigués, même après une dure journée, quand c'est l'heure, bah faut y aller!

Au départ, on fait avec, au bout de quelques temps, faire un câlin programmé nous bloque un peu tous les deux. Ils nous a fallu être soudés, être forts.

Car chaque mois, l'espoir, des signes, un test et puis...le vide, les pleurs déçus, La quantité de tests de grossesse achetés, faits trop tôt car impatients, plus tard, mais toujours rien. Chaque mois, jongler avec les horaires de boulot pour s'absenter pour les rendez-vous médicaux. Et oui, désolée mais mon cycle se fout qu'on est pas samedi ou dimanche. Je récupérerai mes heures plus tard.

Les tests et les examens médicaux se sont enchaînés pour l'un comme pour l'autre. On range tous les résultats dans une pochette qui ne cesse de prendre du volume.

On rebondit chaque mois encore et encore. On fait les montagnes russes.

Au tout début, nous avions eu un immense espoir, la possibilité même d'avoir des jumeaux mais non...

Et un jour, une prise de sang faite le matin, le résultat sur internet le midi: taux positif ! Incroyable, j'appelle Chéri qui est au boulot, ça y est, nous y sommes arrivés. Les larmes de joie, même si une certaine angoisse est présente mais je la repousse. Cette fois ça y est. Je veux y croire.

J'ai été enceinte le temps... d'un week-end. La deuxième prise de sang montre un taux à la baisse. Fausse couche. FC. Deux lettres qui ont brisé notre bonheur. Je me suis sentie perdue, au centre de PMA, la secrétaire m'a dit d'attendre, je n'ai pas pu être reçue en consultation. Attendre quoi ? Les saignements qui signifient pour moi la perte d'un petit bout de nous deux ? Je suis en colère. Et mal.

Ce sont les urgences de l'hôpital qui m'aident à surmonter ça. Qui m'auscultent, vérifient si aucune infection ne s'installe, m'écoutent. Juste ça, être écoutée, j'en avais besoin. Ils m'orientent vers le service PMA de l'hôpital. Je prend rendez-vous mais nous sommes découragés.

Autour de nous, plein de bébés, plein de naissance.

La nouvelle gynécologue est super sympa, très à l’écoute.  Elle nous aide, nous redonne confiance. On adapte le traitement. 

Et quelques piqûres plus tard... Je me sens bizarre, des symptômes que j'attribue au traitement et quelques petits saignements avant l'heure. Je fais une prise de sang, j'ai peur.

Le biologiste vient me voir et me dit "Depuis quand vous êtes sensée être enceinte au juste ? - Non, je ne suis pas enceinte." J'explique mes saignements, mes symptômes, le parcours... Il s'absente, revient, me dit que je pourrais consulter les résultats dès le soir, sur internet. Qu'il traite en urgence.

Taux à 9. On craint une fausse couche encore ou une grossesse extra-utérine. J'ai fait plusieurs prises de sang cette semaine là, pour voir l'évolution du taux. Une semaine un peu entre-parenthèse, entre espoir et peur.

Mais notre princesse s'est accrochée. On m'a dit un jour qu'un bébé choisit d'arriver quand c'est le moment. Alors merci ma puce de nous avoir choisi et d'être là, aujourd'hui avec nous. Merci d'avoir voulu nous connaître et d'avoir fait de nous des parents comblés.

4 ans et 7 mois... que de rendez-vous médicaux, que de visites les pieds dans les étriers, que de prises de sang,  que de piqûres, que de médicaments avalés, que de nausées, quelques kilos en plus sur la balance, le ventre qui gonfle, la fatigue morale et physique, les conversations qu'on evite, celles qu'on a quand même pour se rassurer, pour se consoler, que de forums consultés, que de notes dans mon agenda, des J1, J2, J3..., des croix, que de tests achetés et balancés avec colère dans la poubelle, que de déception, mais tellement d'espoir et... d'amour.

Notre couple a traversé cela avec force et si un jour nous avons la chance de donner à notre fille un petit frère ou une petite sœur, nous n'aurons pas peur d'affronter un nouveau parcours

et recommencer étape par étape, mois après mois.